Julien Philippon

Mon expérience Vipassana 8/16

Ceci est une série de 16 articles sur mon expérience de retraite de méditation Vipassana, si vous n'avez pas lu le début, rendez-vous sur la première page.

Attention, chaque personne réagit différemment à ce genre d'expérience, il est tout à fait possible que vous le vivez d'une façon différente. Notez que vous ne pouvez pas pratiquer Vipassana avec ce que je vous partage, il est nécessaire d'être dans le contexte de cette retraite accompagnée par un enseignant. Si vous souhaitez pratiquer et ne pas être spoilé sur ce que vous allez vivre, ne lisez pas ceci et allez vite vous inscrire 😉.

Jour 4

J’avais hâte de découvrir la méditation Vipassana. Après avoir attendu toute la journée à me demander si j’avais loupé un truc, je comprends que nous commencerons de l’apprendre uniquement en fin d’après-midi, durant deux heures.

La méthode est de monter le triangle sur lequel nous étions focalisé au sommet de la tête, et de rechercher toutes sensations. Ensuite, déplacer ce point sur l’ensemble du crâne, sur le visage, l’épaule droite, le bras droit, la main et ainsi de suite pour parcourir l’ensemble du corps de cette façon.

A chaque fois que l’on décale notre attention sur une partie du corp, il y a trois possibilités :

  • Nous ne sentons rien : nous attendons alors de repérer une sensation, une ou deux minutes, puis passons à la zone suivante
  • Il y a une sensation forte (agréable ou désagréable) : on recherche le centre de cette sensation, l’observe une ou deux minutes en restant neutre, puis passons à la zone suivante.
  • Nous sentons une sensation : nous passons tout de suite à la zone suivante.

Ainsi, nous parcourons notre corps de la tête au pieds, de la tête aux pieds, de la tête aux pieds, de la tête aux pieds…

Aussi, trois fois par jours, nous avons une heure de méditation où nous ne devons pas bouger, ni les jambes, ni les bras, et avoir la ferme détermination de rester immobile. Facile les premières minutes, mais dès que la fin approche, je commençais à avoir de fortes douleurs et une envie très forte de l’entendre chanter pour annoncer la fin de la méditation…

Le 4ème jour est aussi le jour où j’ai pris conscience que je n’avais plus aucune information sur l’extérieur. Le soir au moment du coucher, je me suis pris un sentiment de panique : A force de parler d’impermanence, que tout change tout le temps, j’ai percuté que quand je suis parti tous mes proches allaient bien, est-ce qu’ils vont bien encore ? Que peut-t’il se passer en 10 jours, et je ne sais même pas comment on pourrait me joindre. Et là, plein de film se passe dans ma tête, j’ai dû mal à m’endormir, j’aimerais tellement être rassuré.

J’ai l’image du chat de Schrödinger en tête, dans le sens inverse où je suis le chat à l’intérieur de la boite et qu’à l’extérieur, tout va bien et tout va mal en même temps. La situation sera figée le dixième jour, lorsque j’allumerai mon téléphone…

Et finalement j’essaye de relativiser, je me suis engagé 10 jours, ce n’est pas grand chose dans une vie et c’est le but d’être totalement isolé, alors autant jouer le jeu jusqu’au bout. Je reprends conscience de ma respiration, me concentre dessus et finalement arrive à m’endormir.

Demain, je vous explique une anecdocte : comment j’ai réussi malgré moi à faire parler un servant.