Julien Philippon

Écouter avec empathie

L’empathie est un des besoins clés de l’être humain. Si personne ne vous écoute et n’arrive à vous comprendre, vous pourriez vite tomber dans la déprime. Il est possible de se faire de l’auto-empathie, cependant cela a parfois ses limites, une oreille extérieure peut être nécessaire pour vider son sac…

Ce qui n’est pas conseillé

J’ai appris, en communication non violente (CNV) quels sont les erreurs à éviter lorsque l’on souhaite donner de l’empathie à quelqu’un et effectivement je me rends compte que c’est tout sauf ce dont j’ai besoin quand je souhaite me confier :

  • Conseiller : tu devrais faire ça…
  • Moraliser : au moins ça te fait une bonne expérience…
  • Consoler : mon pauvre, ma pauvre, tu n’as pas de chance…
  • Compatir : on est tous avec toi, tu fais de ton mieux…
  • Dévier sur des anecdotes : ha ça me fait penser à la blague…
  • Clore le sujet : allez, remets toi ! Au fait, ce weekend…
  • Surenchérir : c’est vraiment horrible…
  • Interroger : cela a commencé quand ?
  • Expliquer / analyser : ça ne s’est pas passé comme ça parce que…
  • Diagnostiquer : alors pour moi je pense que…

Globalement, répondre de ces façons-là va soit remuer le couteau dans la plaie, soit ignorer le cœur du problème : ce qu’est en train de vivre l’autre.

J’ai vécu récemment un besoin très fort d’empathie, je me suis confié à des personnes non formées à la CNV et je peux vous assurer que d’entendre ces choses, ne soulage vraiment pas.

La bonne pratique

En bonne girafe, l’écoute emphatique se fait en trois étapes :

Écouter la personne en silence

Tout d’abord, on écoute la personne en silence et on l’écoute vraiment. Pour garder l’attention, on peut répéter ses phrases dans notre tête, en gardant l’attention sur elle.

Inutile de l’interrompre, laisser le flux de parole, sa colère ou sa tristesse se déballer.

Pendant ce temps, nous essayons de comprendre au mieux quels sont ses sentiments et besoins.

Faire des reformulations

La seconde étape est de reprendre les mots de la personne pour faire une reformulation interrogative.

  • J’en ai marre, on ne m’écoute pas !
  • On ne t’écoute pas ?
  • Non ! En plus je suis sûr…

À ne pas confondre avec la mauvaise pratique “interroger”, qui ferait sortir du fil de pensé (ex&nbps;: qui ne t’écoute pas ?).

Certaines personnes peuvent trouver cette méthode un peu “perroquet” : c’est tout à fait vrai, si ce n’est pas fait de façon naturelle. Je suis maintenant un grand fan de cette méthode, je l’utilise quasi naturellement pour approfondir les idées et mieux comprendre ce que la personne en face de moi a besoin.

Aider à comprendre les besoins

Lorsque l’on pense avoir compris le besoin de la personne, on peut tenter de lui proposer en langage “girafe”:

  • Quand tu me dis que tu en as marre et qu’on ne t’écoute pas, tu es énervé parce que tu as besoin de considération et d’attention, est-ce que c’est ça ?

Alors là on va dire que c’est de la “girafe scolaire”, car j’ai ici bien détaillé l’observation, le sentiment, le besoin et la demande (OSBD). Dans la vie de tous les jours, j’essaie de tourner la phrase pour qu’elle soit plus naturelle et se fond dans la discussion.

Si la personne enchaîne en disant que ce n’est pas ça, reprenez les étapes jusqu’à mieux comprendre son besoin.

Si vous tombez juste, vous verrez la personne se sentir compris, soulagé et apaisé : le besoin est reconnu. Pour m’être confié dans un moment difficile à une personne formée à la CNV, je vous confirme que c’est tout à fait ces sentiments que j’ai ressentis.


Si vous avez un fort besoin d’empathie et que vous souhaitez vous confiez, dans la mesure du possible prenez un moment pour réfléchir à la personne qui saura le mieux vous écouter. J’ai même envie de dire que se confier à un animal peut même parfois être bien plus bénéfique psychologiquement que de se confier à certaines personnes 🐶.